Johann Marmus

Moniteur éducateur libéral - Médiation animale

1. Le rôle et le profil du moniteur éducateur

Le moniteur éducateur a un rôle d’animation, de prévention et d’éducation auprès des personnes en difficulté ou en situation de handicap. Cela concerne tous types de publics : enfants, adolescents, adultes inadaptés, personnes âgées dépendantes, etc. Il intervient dans le but de soutenir le développement de différentes capacités telles que la socialisation, la communication, l'autonomie, l'intégration et l'insertion, selon les besoins de l’individu.

Le moniteur éducateur établit des objectifs et axes de travail en accord avec la famille, après une première rencontre d'observation et de discussion. Il adapte son accompagnement éducatif aux besoins spécifiques de la personne concernée, pour lui apporter un soutien personnalisé. De plus, pour une prise en charge dans un cadre pluridisciplinaire, le moniteur éducateur sait se mettre en relation avec les autres intervenants : éducateurs spécialisés, psychologues, assistants de service social, médecins, enseignants, MDPH, structures sociales et médico-sociales.

Pour exercer ce métier, le moniteur éducateur doit faire preuve d’un bon équilibre nerveux, d’une grande disponibilité, de créativité et de sens pratique. C’est aussi un pédagogue qui doit être capable d’adaptation et de souplesse, mais aussi de fermeté, pour donner des repères aux publics avec lesquels il évolue.

Pourquoi s'adresser à un moniteur éducateur en libéral ?

Exercer en libéral permet la mise en œuvre d'un accompagnement éducatif individualisé, en partenariat avec la famille, car c’est elle qui connaît le mieux la personne. L’accompagnement socio-éducatif en libéral offre une souplesse, une proximité et une personnalisation qui me paraissent essentielles à la qualité de mon travail. En faisant le choix d'un accompagnement en libéral, la famille aura un interlocuteur unique et une relation privilégiée pour suivre au plus près l’évolution de la personne accompagnée.

2. La médiation animale

On peut définir l’activité de médiation animale comme « la recherche des interactions positives, issues de la mise en relation intentionnelle Homme-Animal, dans le domaines éducatif, thérapeutique ou social, dans l’intérêt de l’un et le respect de l’autre. Les actions de médiation animale conjuguent la mise en valeur des capacités d’aide de l’animal et la qualité de la relation nouée entre l’animal et l’humain ».

La médiation animale se pratique avec de nombreux animaux : chien, cheval, chat, lapin, oiseau… et bien d’autres. Elle est bénéfique tant sur le plan psychique, corporel, sensoriel ou affectif, et peut trouver sa place auprès de toutes les personnes rencontrant un quelconque mal être, physique ou psychique, qu’il soit momentané ou installé. Il ne s’agit pas de pratiquer une activité sportive avec des objectifs de performance, mais de se concentrer sur le rapport à l’animal, sur sa place de tiers dans la médiation, sur les liens qui se créent et les sensations éprouvées.

Cette forme d’accompagnement éducatif, assisté par l’animal, permet de travailler sur des objectifs variés :

• Socialisation et relation aux autres ;
• Développement de la confiance et estime de soi ;
• Gestion de l’impulsivité et de l’agressivité ;
• Aide à appréhender son corps et ses émotions de manière inédite ;
• Découverte et maintien d’un lien relationnel de qualité.

Pour ma part, j’ai choisi de proposer deux types d’accompagnement éducatif personnalisé, avec un chien et avec des chevaux.

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3 extraits vidéo pour expliquer les bienfaits de la médiation animale pour les enfants, adolescents et autres publics

(interviews du pédopsychiatre Daniel Marcelli ; reportage Envoyé spécial)

Les bénéfices de la médiation canine

S’il est reconnu que le chien a un effet apaisant et sécurisant, c’est peut-être parce qu’il peut être considéré à la fois comme un ami, un confident, un complice qui ne trahit pas et auquel on peut accorder une grande confiance. Il ne parle pas et par conséquent, ne juge pas et ne renvoie pas aux difficultés personnelles et familiales.

Le chien a un immense potentiel d’adaptation, de sociabilité, de capacité à encourager l’interaction et l’action. Il est un facilitateur de la communication sociale, sa présence agréable apporte un moment de joie, de bien-être et d’échange, et permet de dépasser certaines rigidités. Certains animaux, et plus particulièrement le chien, aident depuis toujours des personnes délaissées, maltraitées ou rejetées, à ne plus se sentir seules, à prendre ou reprendre espoir et confiance en soi, et à développer l’estime de soi.

La relation créée avec le chien contribue également au développement de compétences affectives, émotionnelles, sociales et cognitives :

• L’attention visuelle, « les yeux dans les yeux » avec le chien, ouvre la porte de la communication multi-canaux pour apprendre à décrypter les émotions dites fondamentales ;
• Les sollicitations du chien suscitent une réponse de la personne et stimulent donc un élan d’interaction en retour, qui permet à celle-ci de se rapprocher de « l’autre » ;
• Les comportements affiliatifs (le chien semble toujours d’accord avec son partenaire), vont motiver des comportements sociaux de la personne ;
• Enfin, le chien étant perçu comme « autre et semblable à la fois », la personne peut développer une conscience de soi et un sens de la différence. Cette compétence proche de l’empathie peut prévenir de futurs actes de violences à l’encontre d’autrui.

L’accompagnement éducatif canin est un réel soutien pour bien grandir ou développer ses compétences sociales et ainsi permettre à la personne de trouver son fonctionnement propre.

Les différentes vertus de la médiation par le cheval

Tout comme le chien, le cheval apporte une autre dimension au travail éducatif, qu’on peut décomposer en 4 points :

1. Le rapport au corps restauré

« Le cheval aide à retrouver son identité par une restauration de l’image du corps et du schéma corporel. Il permet un retour au stade du narcissisme primaire et facilite l’accession au stade d’autonomisation et d’indépendance. » Laetitia Mermet, psychologue. Au contact du cheval, tous les sens sont en éveil, que ce soit le toucher par le contact avec les poils, l’odorat par l’odeur marquée du cheval et du crottin, ou encore la vue par ses mouvements de tête et l’ouïe par ses hennissements. Grâce à cela, la personne ressent son corps autrement, comme l’instrument d’une relation et d’un échange avec autrui.

Lorsque la personne monte sur le cheval, elle se réapproprie petit à petit son propre corps. Le balancement du cheval impulse un rythme au bassin de la personne qu’elle doit suivre pour être dans le confort, et entraîne un rééquilibrage constant, un rappel permanent à la réalité du moment. Le reste du corps aussi doit s’adapter, notamment au niveau des mains qui tiennent les rênes : habituées à serrer, prendre et repousser, elles doivent être légères et suivre les mouvements de l’encolure pour guider et non contraindre.

2. Le rapport à l’autre, l’apprentissage d’une confiance mutuelle

Le cheval fait preuve de régularité dans son comportement, il n’y a pas de jugement, pas de faux-semblant, il accepte chaque individu comme il est, avec ses capacités et ses difficultés, sans faire de différence. Les réponses qu’il fournit aux sollicitations posent des limites immédiates et clairement identifiables qui permettent à la personne de repérer les comportements adaptés en fonction des contextes et d’aborder ce qui relève des codes sociaux. Elle peut laisser libre cours à son expression, mais doit apprendre à contrôler son impulsivité, à adapter son comportement.

Il s’établit ainsi une relation particulière entre l’individu et le cheval, basée sur une appréhension réciproque, une confiance mutuelle. Et comme dans toute relation, rien n’est acquis définitivement, il faudra toujours négocier, se repositionner, dans le calme et la patience afin de maintenir la connexion. Cette expérimentation du lien qui se crée, de l’engagement pour un autre, et de l’adaptation dont elle doit faire preuve, aide la personne à s’engager ailleurs, dans d’autres espaces, auprès d’autres personnes.

3. L’estime de soi

Le cheval constitue un très bon médiateur pour renvoyer à la personne une image positive d'elle-même. Il offre une relation affective saine, qui stimule, motive, réconforte ou distrait. C'est donc un partenaire efficace et dynamique pour orienter le jeune : pour obtenir quelque chose d’un animal, d’autant plus avec un cheval, il faut poser une demande claire, la répéter un grand nombre de fois, avec calme et patience.

A travers ces expériences, où la réaction de l’animal est immédiate, la personne perçoit l’impact de ses actes et cette sensation de maîtrise est très valorisante pour elle, qui se sent utile et impliquée dans la relation. Bien sûr, elle sera parfois déstabilisée, et devra faire preuve d’adaptation, de réajustement : des situations favorisant la découverte de soi-même et l’estime de soi. La relation de confiance qui s’installe autorise la personne à s’accepter, avec ses forces et ses faiblesses.

4. Le rapport au cadre et à l’environnement

Toute session d’accompagnement éducatif assisté par l’animal doit avoir un cadre structurant et contenant. Quand on travaille avec le vivant, il faut respecter des règles de conduite, notamment en termes de sécurité, pour les personnes comme pour l’animal. D’autant plus que le milieu équestre a son propre fonctionnement dans lequel la personne doit s’intégrer.

Le déroulement des séances doit être ritualisé pour diminuer les angoisses liées à des changements, des perturbations qui viendraient interférer dans le travail auprès du cheval. L’environnement a aussi une fonction de contenance, car l’habitat des chevaux est un lieu où se ressentent des odeurs particulières, une ambiance, un paysage, une sérénité facilement perceptible, qui provoquent instinctivement un certain apaisement.